La fièvre charbonneuse est une maladie très rare en France mais elle vient de réapparaitre depuis le 28 juin dans le département des Hautes-Alpes. Cette note d’information est destinée à faire le point sur la situation épidémiologique et de répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur vos élevages. Elle s’adresse à tous les éleveurs de la région PACA.

La fièvre Charbonneuse c’est quoi ?

C’est une maladie qui touche les mammifères et plus particulièrement les herbivores ovins, bovins, caprins, équins. Elle peut aussi toucher faune sauvage comme, les cerfs ou les sangliers, mais le nombre de cas signalés en France est très réduit par rapport aux animaux domestiques. Les animaux se contaminent en absorbant les spores d’une bactérie (le bacille du charbon). Cette forme résistante de la bactérie peut être conservée de très nombreuses année dans le sol. Elle pourra réapparaitre à la surface de certaines parcelles qui deviendront contaminantes.
Le mécanisme de réapparition est compliqué. Les spécialistes de la maladie estiment que les cas réapparus dans les Hautes-Alpes proviennent des conditions climatiques très particulières de 2017-2018 qui, avec une alternance de périodes très sèches suivie de périodes extrêmement humides, ont permis la remontée des spores sur les couches superficielles des sols.
Les animaux se contaminent au pâturage, les symptômes apparaissent rapidement, d’abord une forte fièvre qui évolue rapidement vers une septicémie hémorragique et la mort de l’animal. Le cadavre devient alors la source de contamination de son environnement (le pâturage), surtout s’il n’est pas correctement pris en charge.

Où sont les foyers de la maladie ?

On compte 25 foyers sur 14 communes des Hautes-Alpes.

On peut noter que 2 foyers sont des estives collectives
La mortalité concerne 54 animaux dans 18 cheptels bovins, 4 ovins, 3 équins.

Les animaux peuvent-ils se contaminer mutuellement ?

La transmission entre herbivores est très improbable, mais par précaution, les cadavres doivent être protégés des autres avant enlèvement. La voie de contamination est celle du sol. C’est la parcelle qui pourrait s’avérer « contagieuse » on parle de champs maudits.

Peut-on soigner la maladie ?

Les symptômes étant difficiles à interpréter et l’évolution de la maladie très rapide (quelques heures), il est compliqué de soigner un animal déjà très malade. Par contre, les animaux présentant des signes de fébrilité sur un foyer avéré ont été facilement soignés avec un traitement antibiotique.
La solution la plus efficace est celle de la vaccination. Le vaccin permet la protection des animaux (ovins, bovins et certains vaccins caprins et équins) exposés au risque du charbon pendant une durée de 1 an.

Les Hommes peuvent-ils se contaminer ?

Seules les personnes amenées à manipuler les cadavres des animaux atteints peuvent se contaminer, en général de façon cutanée. D’une manière générale, les éleveurs, vétérinaires ou équarrisseurs doivent être particulièrement vigilants lors de la prise en charge des cadavres.

Quelle conduite à tenir pour la gestion d’un cadavre ?

Il faut se protéger avant toute manipulation de l’animal mort avec des gants jetables (solides), une combinaison jetable, des bottes, masque et lunettes.
Si vous avez une suspicion de mortalité due au charbon :

  • Animal qui meurt très brutalement
  • Signes hémorragiques
  • Écoulements de couleur sombre

Vous devez :

  • Laisser l’animal sur place et le protéger (bâche), ne pas déplacer les autres animaux
  • Prévenir votre vétérinaire sanitaire qui procèdera à des prélèvements pour analyses
  • Prévenir la DDPP de votre département

Doit-on vacciner ?

  • Si on est un éleveur touché par la maladie : la vaccination est obligatoire pour l’ensemble des animaux des exploitations concernées, elle est prise en charge par L’État. Les vaccinations sont prioritaires, elles sont réalisées dans l’urgence.
  • Si on est éleveur d’une commune touchée par un foyer dans les Hautes-Alpes : une campagne de vaccination de tous les animaux a été instaurée par arrêté préfectoral, , elle sera réalisée au fur et à mesure de la disponibilité des vaccins. Le coût sera pris en charge par L’État également vaccin et intervention du vétérinaire).
  • Si on est éleveur d’une autre zone : la vaccination est à conseiller uniquement si les animaux sont amenés à séjourner sur les «zones charbonneuses». Elle est inutile dans les autres cas.

Je dois acheter des animaux : dois-je prendre des précautions particulières face au charbon ?

Il n’y a pas de risque de ramener la maladie du charbon sur son exploitation par achat d’animaux extérieurs. Je peux acheter des animaux vaccinés sans problème, ils le sont simplement pour se protéger des spores présentes sur leur exploitation d’origine.
S’il n’est pas nécessaire de se méfier de la fièvre charbonneuse lors de l’achat d’animaux (la demande d’un certificat de vaccination est inutile), il est en revanche indispensable de prendre toutes les précautions possibles pour des maladies beaucoup plus fréquentes (voir réglementées), d’acheter des animaux issus de cheptels à jour de prophylaxie (pour les ovins/caprins) et de réaliser les contrôles d’introduction (pour les bovins : IBR, BVD, Paratuberculose, etc…).

Mes animaux sont en estives avec des éleveurs concernés par la maladie, que dois-je faire ?

Ces éleveurs vont vacciner leurs animaux avant la descente d’estive de façon à protéger leur retour sur l’exploitation (foyer de la maladie). Les autres éleveurs de l’estive n’ont rien à faire, il n’y a pas de danger, les animaux à l’estive n’étant pas malades.

Comment gérer les fourrages et céréales issus des parcelles identifiées comme contaminées ?

Les céréales ne présentent à priori pas de risque d’être contaminées par les spores, elles peuvent être données à tous les animaux.
Les fourrages secs, fourrages verts ou ensilages peuvent présenter un risque de persistance des spores (selon les études scientifiques) plus ou moins long. Il est recommandé de donner les fourrages issus de parcelles contaminées seulement aux animaux vaccinés contre la fièvre charbonneuse.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à questionner votre vétérinaire et votre GDS, nous sommes toujours là pour vous renseigner, vous conseiller et vous aider à adopter les bonnes pratiques sanitaire

Pour en savoir plus :

Préfecture des Hautes-Alpes : situation de la maladie : lien ici
Page de la fièvre charbonneuse sur le site de l’organisation mondiale de la santé animale : lien ici
Fiche de la maladie sur le site de l’ANSES : télécharger ici
Rapport ANSES sur l’évaluation des risques sur la santé humaine et animale : télécharger ici