L’épididymite contagieuse du bélier est une maladie qui touche les ovins et qui est à l’origine de troubles de la fertilité. Depuis l’arrêt de la vaccination au Rev1 contre la brucellose abortive a Brucella melitensis, cette pathologie est en recrudescence en région PACA, le vaccin Rev1 protégeant également contre la l’épididymite contagieuse à Brucella ovis.

Agent infectieux et symptômes

L’épididymite contagieuse du bélier est due à une bactérie, Brucella ovis, qui provoque des épididymites et des orchites (inflammation des testicules) à l’origine d’une baisse de la fertilité (voire une infertilité), pouvant avoir des impacts économiques dans les élevages. La diminution de fertilité chez le bélier est associée entre autres, à une diminution de la motilité des spermatozoïdes et à une augmentation du pourcentage de spermatozoïdes anormaux dans le sperme des béliers touchés. Il en résulte une diminution de la fertilité du troupeau de 15 à 30 %, une diminution du nombre d’agneaux nés, un étalement de la saison d’agnelage et une réforme prématurée des béliers infectés.

Plus rarement, elle peut provoquer des placentites (inflammation du placenta) ou des avortements voire de la mortalité périnatale. Mais cette affection entraîne généralement peu de signes cliniques généraux et peut donc passer inaperçue.

Transmission

L’épididymite contagieuse du bélier est une maladie vénérienne : la voie majeure de contamination est donc le sperme et la transmission se fait directement de bélier à bélier lors de saillies entre les mâles, ou par contact oral avec de l’urine infectée. La transmission entre béliers peut également être indirecte si les béliers ont sailli les mêmes brebis pendant la saison sexuelle. Après l’infection, la majorité des béliers continuent à excréter B. ovis dans leur semence, alors que l’infection des brebis reste transitoire. Ainsi, les femelles ne sont pas considérées comme un élément épidémiologique majeur de cette maladie, excepté leur rôle dans la transmission de l’infection d’un bélier à un autre par la saillie.

Diagnostic

L’opération la plus simple consiste à réaliser une palpation minutieuse du scrotum. Une palpation de tous les béliers du troupeau permettra de savoir si certains présentent des anomalies cliniques. Si plus de 5% des béliers ont des lésions à la palpation, alors B. ovis est la cause la plus probable. Chaque bélier avec des lésions doit être vérifié par votre vétérinaire.

Lors d’achat de reproducteurs, la palpation est également indispensable, elle permet de fournir un premier diagnostic sur l’état de l’appareil reproducteur de l’animal. Tous les béliers infectés ne présentent pas des anomalies du scrotum à la palpation et inversement, tous les cas de lésions ne sont pas forcément dus à B. ovis !

Il est donc être nécessaire d’approfondir le diagnostic en faisant réaliser des analyses sérologiques. Les analyses sérologiques permettent d’identifier les béliers porteurs (et donc le plus souvent contaminants) de B. ovis. Elles permettent également d’identifier des béliers qui peuvent être porteurs de la maladie mais qui ne présenteraient pas de lésions.

Même si les conséquences de la présence de béliers séropositifs à B. ovis ne sont pas mesurables immédiatement (pas de baisse du nombre d’agneaux nés), il peut être dangereux de garder des béliers séropositifs dans un troupeau : ces derniers vont contaminer les béliers sains, ce qui fera baisser progressivement la fertilité globale du troupeau.

Moyens de lutte

Un plan d’assainissement doit commencer au minimum 3 ou 4 mois avant le début de la lutte afin de permettre l’élimination des béliers infectés avant la saison de monte.

Dans les troupeaux très infectés, l’élimination de tous les béliers infectés et leur remplacement par des jeunes béliers de moins d’un an peut s’avérer peu rentable. Dans ces troupeaux, les béliers infectés qui n’ont pas de sévères lésions peuvent être gardés pour la lutte suivante à condition qu’ils soient séparés des béliers sains avant et pendant la période de lutte. Ils doivent ensuite être abattus immédiatement après la période de reproduction. Dans l’hypothèse où un lot de béliers infectés doit être mis à la lutte, il est alors préférable qu’ils fécondent prioritairement des vieilles brebis afin d’atténuer les effets d’une fertilité plus basse.

En France, il n’existe pas de moyen de traitement des animaux infectés. Mais de manière générale, traiter les animaux ne présente pas un grand intérêt. Chez la plupart des béliers, les lésions sont permanentes et la fertilité du bélier restera faible, même après un traitement.

Si votre troupeau est sain ou que vous avez réussi à éliminer tous les animaux contaminés, des précautions doivent être prises afin de s’assurer que l’infection ne soit pas ré-introduite dans le troupeau soit par introduction de béliers soit par contact avec des béliers des élevages voisins.

Quelques conseils :

  • Tous les béliers du troupeau doivent être palpés au moins un mois avant la lutte pour s’assurer qu’ils ne présentent pas d’anomalies. Si il y a le moindre doute, faire palper le bélier par votre vétérinaire.
  • Tous les béliers de l’exploitation, incluant les jeunes béliers, doivent être palpés et analysés par sérologie chaque année. Chaque bélier présentant séropositif et/ou présentant une lésion ou une anomalie clinique doivent être testés par sérologie pour s’assurer qu’ils ne sont pas contaminés par B. ovis.
  • Palper systématiquement les béliers avant achat et faire réaliser une analyse sérologique pour s’assurer que le bélier est bien séronégatif (même s’il ne présente pas lésions).
  • Être prudent lors des mélanges de troupeaux avec des béliers au statut inconnu (en alpage notamment).

Comment réaliser une palpation ?

Les béliers peuvent être palpés soit debout, soit en positon assise. La palpation se fait avec les deux mains. Tenir le haut du scrotum entre le pouce et l’index, une main sur chaque coté du scrotum : de cette façon il est alors possible de sentir une éventuelle lésion ou induration des cordons spermatiques ou de la tête de l’épididyme.
Descendre ensuite les mains sur les deux testicules et faire glisser ces derniers dans les bourses entre le pouce et l’index afin de sentir des indurations, abcès ou différence de taille entre les deux côtés. Les testicules doivent être fermes et de taille uniforme.
Enfin, palper la queue des épididymes toujours de la même façon, en faisant glisser les testicules vers le haut des bourses. Les queues des épididymes doivent être fermes, sans induration et de taille similaire entre les deux côtés. La démarcation entre le testicule et la queue de l’épididyme doit être évidente au toucher.

Tout au long de la palpation, une comparaison de texture, de forme entre les deux côtés du scrotum peut aider à la détection de lésions.

Les aides de votre réseau GDS-PACA

En cas de problèmes relatifs à la B ovis dans votre élevage, interpelez votre vétérinaire et contacter votre GDS. Il n’existe pas de PASSE régional mais les GDS départementaux peuvent vous vous aider dan la recherche des béliers atteints en prenant en charge une partie des analyses.

Pour aller plus loin, consulter l’étude
Epididymite et fertilité des béliers

FRGDS / ENVT / ANSES 2012