La BVD (Diarrhée Virale Bovine) n’étant pas une maladie règlementée, elle ne fait pas l’objet d’une prophylaxie ou d’une déclaration obligatoire. C’est à chaque éleveur, accompagné par son GDS, de prendre les mesures nécessaires pour se protéger face à cette maladie.

Agent infectieux et symptômes

Le virus de la BVD est un virus de la famille des Pestivirus (de la même famille que celui de la Border Disease des ovins). Ce virus touche essentiellement les bovins et il n’est pas transmissible à l’Homme. Il peut avoir des conséquences variables selon l’âge et le stade de l’animal infecté. En effet, ses conséquences sont limitées sur un bovin adulte non gestant mais elles sont plus importantes sur un jeune animal (pathologies néonatales : diarrhées, pneumonies…) et pour les femelles gestantes (avortements, veaux chétifs et malformés, retards de croissance…).

Les conséquences de la BVD varient énormément d’un troupeau à l’autre, voire même d’un épisode à un autre au sein d’un même troupeau. Par conséquent, les signes de suspicion de la BVD dans un troupeau peuvent être très variés, voire même absents : avortements, naissance de veaux faibles et/ou malformés, maladies néonatales, problèmes de reproduction…

Aucun signe n’est vraiment caractéristique de la BVD, au moindre doute, il faut donc en parler avec votre vétérinaire !

Conséquences de l’infection d’une vache gestante par le virus du BVD selon le stade de gestation

Mode de transmission

La transmission du virus se fait par le biais des sécrétions d’un animal infecté. Toutes les sécrétions d’un animal infecté par le BVD sont porteuses de virus, mais la concentration est variable : il y a donc des sécrétions plus dangereuses que d’autres.
Les sécrétions nasales sont celles qui en contiennent le plus et le contact « mufle à mufle » entre deux animaux est la voie principale de transmission de la maladie. Dans certaines conditions (ambiance humide en bâtiment, densité animale élevée…), le virus peut également être transmis par de petites gouttelettes en suspension dans l’air. Le matériel ou le milieu extérieur jouent un rôle très limité dans la transmission du virus.

Mais une vache gestante transmet aussi le virus à son fœtus et selon la période pendant laquelle la vache est contaminée, les conséquences seront différentes. Lorsque la contamination a lieu entre le 40e et le 120e jour de gestation, le virus est transmis de la mère au fœtus mais à ce stade, le système immunitaire du fœtus n’est pas compétent pour différencier le virus d’un élément de son propre organisme. Le veau ne développe aucune réaction immunitaire pour se protéger. On dit qu’il est « Immunotolérant ». Comme le virus est considéré comme faisant partie de son organisme, le veau est donc infecté et contagieux de façon permanente. C’est pourquoi ces veaux sont appelés des Infectés Permanents Immunotolérants (I.P.I.).

Le virus se propageant par contact entre animaux, de façon générale, il faut éviter tout contact avec des animaux excréteurs : au pâturage avec des bovins voisins, lors de rassemblement d’animaux…

Diagnostic de la maladie

Sérologie

Virologie

Ce qui est recherché

Les anticorps
(traduisent la réaction immunitaire)

Le Virus

Antigénémie
Recherche d’une composante du virus


PCR
Recherche de l’ADN du virus

Age de l’animal

Plus de 6 mois

Plus de 6 mois

Tout âge

Interprétation du résultat

Négatif

Pas d’anticorps, bovin séronégatif. Il faut s’assurer que ce n’est pas un I.P.I. et qu’il n’héberge pas le virus en réalisant une virologie

Le virus n’est pas présent dans l’organisme de l’animal, le bovin n’est donc pas I.P.I.

Positif

Présence d’anticorps, le bovin est séropositif et il est protégé contre la BVD, ce n’est pas un I.P.I.

Présence du virus, il faut recontrôler l’animal 2 à 3 sem. plus tard. Si l’analyse est à nouveau positive, c’est un I.P.I. sinon c’est un virémique transitoire.

Attention aux veaux de moins de 6 mois : la persistance des anticorps contenus dans le colostrum peut perturber l’analyse. La PCR est la seule méthode fiable pour dépister les jeunes veaux.

Deux types d’animaux à risque : les I.P.I. et les virémiques transitoire

Les I.P.I. :

Les I.P.I. sont particulièrement dangereux pour le troupeau car ce sont des excréteurs permanents de virus, en grande quantité. On les qualifie de « bombes à virus » et ils entretiennent la circulation virale. Le phénomène est d’autant plus difficile à repérer que les I.P.I. peuvent être des animaux d’apparence normale, en parfaite santé.

Généralement, ils meurent avant l’âge de 2-3 ans de la maladie des muqueuses (qui ne touche que les I.P.I.), mais ce n’est pas systématique. L’animal peut alors être gardé dans le troupeau, contaminer d’autres animaux et donner naissance à de nouveaux I.P.I. si c’est une femelle : une vache I.P.I. donne toujours naissance à un veau I.P.I..

Les virémiques transitoires :

Les I.P.I. ne sont pas les seuls animaux à risque. Un animal nouvellement infecté est contagieux pendant 2 à 3 semaines, mais il va mettre en place une réaction immunitaire pour éliminer le virus. Il sera alors porteur d’anticorps (que l’on pourra détecter lors d’une analyse en laboratoire) et protégé de manière durable. Ces bovins sont appelés des «virémiques transitoires» : ils sont contagieux seulement pendant une période limitée avant d’être immunisés contre le virus.

Le point de départ de l’infection est toujours l’introduction ou le contact (lors de foire, alpages…) avec un animal infecté. Si un animal en début de gestation est contaminé, et qu’elle donne naissance à un I.P.I., ce dernier va continuer à propager l’infection dans le troupeau.

L’arrivée du virus dans un élevage peut avoir des conséquences variables selon la conduite d’élevage : en cas de mises-bas groupées elle peut provoquer la formation d’un nombre important d’I.P.I., si la contamination a lieu pendant la 1èremoitié de gestation !

Moyens de lutte

Introductions et rassemblements

Le facteur de risque principal est l’introduction (achat, retour de pension, descente d’alpage, retour de concours ou foire) dans son troupeau d’animaux contagieux (I.P.I. ou virémique transitoire). Il faut donc combiner quarantaine et analyse de sang. S’il s’agit d’un virémique transitoire, il est contagieux pendant une quinzaine de jours, une quarantaine de cette durée permet d’éviter tout risque de propagation du virus. En revanche s’il s’agit d’un I.P.I., il est excréteur permanent, c’est pourquoi il est nécessaire de réaliser un dépistage et d’attendre les résultats avant toute introduction dans le troupeau.
Les femelles introduites gestantes sont aussi des animaux à risque. Elles peuvent être porteuses d’un veau I.P.I., il faudra donc aussi dépister son veau dès la naissance.

Pour tous types de rassemblement, il est impératif de protéger les animaux gestants (4 premiers mois de gestation) en les isolants des animaux de statut inconnu. L’isolement durant les 4 premiers mois de gestation n’étant pas facile à pratiquer, la vaccination avant la mise à la reproduction peut être une bonne alternative pour éviter la création d’I.P.I. en cas d’infection.

La vaccination

La vaccination peut être un outil utile pour limiter le risque de contamination des femelles gestantes séronégatives. Un animal séropositif (ayant déjà été en contact avec le virus) étant protégé, la vaccination ne les concerne pas. Cependant, la protection vaccinale est moins durable que la protection naturelle qui fait suite à un contact avec le virus. Elle nécessite des rappels réguliers, dans des délais conformes aux préconisations des fabricants. Certains vaccins permettent une protection fœtale, à condition que la 2ème injection de la primo injection ait été réalisée au moins 2 semaines (parfois plus selon le vaccin utilisé) avant la mise à la reproduction.

Mesures d’hygiène habituelles

Des mesures complémentaires peuvent limiter les dégâts d’un passage du virus BVD : une bonne hygiène des étables, l’absence de surpeuplement, la séparation des vaches ou génisses gestantes d’avec les autres classes d’âge, la limitation de la cohabitation avec les ovins et caprins… Les mesures habituelles telles que la propreté du matériel, l’utilisation d’aiguilles à usage unique sont aussi de mise.

Enfin, les animaux ne résisteront que mieux à une infection s’ils sont aptes à développer une réaction immunitaire rapide. Des défauts d’alimentation, des mauvaises conditions d’environnement ou encore du stress, ne feront qu’aggraver la situation et les conséquences de la maladie.

N’introduisez pas la BVD! Comment faire ?

Lorsqu’un animal entre sur mon exploitation (achat, prêt, pension, retour d’estive…), je commence par l’isoler du reste de mon troupeau ! Cette quarantaine doit durer au moins 3 semaines. Il est vraiment très important que les animaux introduits ne puissent pas être en contact avec les autres. En particulier, aucun contact avec les femelles en gestation !

Ensuite, j’appelle mon vétérinaire pour faire les prises de sang. Ce dépistage systématique permet de savoir si l’animal que j’ai acheté :

  • est actuellement malade (« infecté transitoire »)
  • est un I.P.I.

Cas d’une vache achetée pleine : si la mère introduite est positive, je l’isole pour le vêlage et je teste son veau dès la naissance : il peut être I.P.I. !

Que rechercher dans les prises de sang ?

On recherche le virus par une antigénémie pour les animaux de plus de 6 mois. Sur les animaux de moins de 6 mois, il vaut mieux réaliser des PCR.

  • Si le résultat est négatif : pas de problème, je peux introduire le bovin.
  • Si le résultat est positif :
    • Cas 1 : rendez-le si vous avez signé un billet de garantie conventionnelle
    • Cas 2 : maintenez-le en quarantaine stricte puis retestez le bovin après un mois par une sérologie :
      • Si le résultat est positif : c’était un virémique transitoire : je l’intègre dans le troupeau
      • Si le résultat est négatif : c’est un I.P.I., je dois absolument le faire abattre le plus vite possible !

Un bovin certifié « non I.P.I. » peut être porteur du virus !

Il n’est pas I.P.I., mais il peut infecter mes animaux s’il est virémique transitoire lors de l’introduction, ou porter un veau I.P.I. si la vache a été en contact avec le virus pendant sa gestation !

J’isole et je réalise des prises de sang sur tous les bovins que j’introduis !

Une certification nationale en matière de BVD

Une certification nationale est mise en place pour se prémunir du risque d’introduction d’un bovin I.P.I. dans son cheptel : la qualification « Bovin non IPI », qui sera inscrite sur la carte verte de l’animal. Pour le vendeur, cette qualification donne également une plus-value à l’animal lors de sa vente, en apportant une garantie sanitaire supplémentaire à l’acheteur. L’attribution de la qualification est individuelle et elle sera valable pour toute la vie de l’animal.

Actions au niveau régional

En région Provence Alpes Côte d’Azur, les GDS et la FRGDS vous accompagnent dans la lutte contre la maladie. Plusieurs services vous sont proposés afin de protéger votre troupeau et de valoriser votre production en région et hors région.

Le dispositif boucle BVD
pour dépister les veaux IPI

Vous aider à maîtriser la BVD dans votre troupeau !

Connaître le statut « non IPI » d’un bovin en PACA ou AURA