Vous trouverez ci-dessous les réponses apportées par la DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), aux questions posées à l’occasion du webinaire du 10 décembre 2025 consacré à la DNC.

Ces réponses s’appuient sur un certain nombre de ressources documentaires que vous pouvez consulter plus en détail via les liens suivants :

https://agriculture.gouv.fr/dnc-la-foire-aux-questions

https://www.gdsfrance.org/wp-content/uploads/DNC_vaccination-FAQ-2.pdf

https://www.gdsbfc.org/les-maladies/listing-maladies-bovines/dermatose-nodulaire-contagieuse/

Si le vaccin marche aussi bien, pourquoi ne pas l'étendre a la France au lieu d'attendre qu'un foyer se déclare ? En sachant qu'il est déjà trop tard lorsqu'un foyer est déclaré du fait que l'insecte a déjà fait son boulot.

D’après la réglementation en vigueur, la DNC est une maladie classée « à éradication obligatoire » car elle n’est pas présente en Europe.
Cette réglementation prévoit que la vaccination est soit interdite, soit obligatoire. Étant donné que l’objectif est d’éradiquer la maladie, la vaccination ne peut être conduite sur une base volontaire.
La vaccination ne peut être imposée par l’État que dans deux cas de figures :

  • la présence de foyers dans une zone (zone réglementée) ;
  • l’existence d’un risque important d’introduction du virus dans la zone concernée, même en l’absence de foyers (c’est le cas en Corse, du fait de la présence de la DNC en Sardaigne et des caractéristiques de l’élevage et des bovins en Corse).

Pour les autres territoires français, non touchés et sans risque fort d’introduction du virus, la vaccination est donc interdite.

Par ailleurs, la vaccination induit des restrictions fortes sur les déplacements des bovins vaccinés :

  • De la zone vaccinale vers la zone indemne en France : Examen clinique des bovins par un vétérinaire sanitaire , détention depuis au moins 28 jours au sein de l’élevage d’origine; vaccination depuis au moins 28 j, laissez-passer sanitaire délivré par la DD(ETS)PP
  • De la zone vaccinale vers l’Italie et la Suisse : idem plus absence de foyer depuis au moins 3 mois dans les 20 km, vaccination depuis au moins 60j dans les 50 km, PCR par échantillonnage et désinsectisation

De plus des restrictions supplémentaires s’appliquent également pour les exportations vers les pays tiers, qu’il s’agisse des animaux vivants ou de leurs produits (génétique animale, denrées alimentaires comme les fromages au lait cru p ex).

La vaccination est donc une décision qui entraîne des conséquences importantes pour les éleveurs bovins, et qui doit donc être mesurée au regard des bénéfices attendus.
C’est pourquoi la ministre a ouvert les échanges sur différents scenarii d’évolution de la stratégie vaccinale en réunion avec l’ensemble des acteurs nationaux le 9 décembre, en vue d’une réunion décisionnelle fin janvier.

Est-ce que les animaux vaccinés porteurs sains peuvent transmettre le virus ? Cette maladie est dramatique, au même titre que la Besnoitiose (pour laquelle on nous a laissé tomber). Mêmes vecteurs, mêmes conséquences, et pour autant vous n’en tirez pas les enseignements.

Comme rappelé dans la FAQ GDS France , les animaux vaccinés peuvent transmettre le virus dans certains cas :

  • Un animal peut avoir été infecté avant la vaccination.
  • L’immunité générée par la vaccination n’est pas immédiate : elle commence à se développer 10 jours après l’injection et atteint son optimum après une durée de 21 jours. Quelques semaines sont donc nécessaires pour qu’un animal vacciné soit protégé.
  • Tous les animaux ne réagissent pas de la même manière à la vaccination, pour de multiples raisons ; certains seront ainsi mal protégés malgré la vaccination

Aussi, la conduite à tenir reste identique que le troupeau soit vacciné ou non :
surveiller quotidiennement l’état de santé des animaux et alerter immédiatement son vétérinaire sanitaire en cas de signes évocateurs de la maladie. Si la suspicion est confirmée, le fait d’avoir été récemment vacciné ne dispensera pas l’élevage d’être soumis à un dépeuplement.

Comment est justifié le délais d’attente pour les exportations ?

Les conditions de sortie des animaux vaccinés d’une zone vaccinale vers une zone indemne d’un autre Etat membre sont déterminées par le règlement européen 2023/361 :
• Autorisation de l’EM de destination et de transit (certificat sanitaire);
• Examen clinique des bovins de l’envoi de l’unité épidémiologique par un vétérinaire sanitaire
• Détention depuis au moins 28 jours au sein de l’élevage d’origine;
• Vaccination depuis au moins 28 j des bovins de l’envoi et de l’unité épidémiologique ou veaux nés de mères valablement vaccinées
• Absence de foyer depuis au moins 3 mois dans les 20 km autour de l’établissement d’origine
• Vaccination depuis au moins 60 j dans les 50 km autour de l’établissement d’origine de tous les bovins détenus dans la ZV ou couvert par l’immunité maternelle

Ces délais correspondent au temps nécessaire pour que la vaccination devienne pleinement protectrice, au temps maximal d’incubation et de détection de foyers résiduels dans la zone de l’envoi.

Pourquoi pas mettre un plan comme vigipirate pour contrôler le mouvement des camions vide ou plein ?

Des instructions ont été données aux préfets depuis le 17 octobre pour organiser des contrôles coordonnés afin de s’assurer du respect de l’interdiction de sortie de bovins depuis une zone réglementée vers des élevages en zone indemne. Cette demande a été réitérée par la ministre au préfets le 9 décembre.

Aujourd’hui la DNC est présente en Europe alors pourquoi continuer de dire qu'elle ne l'est pas ? Et pourquoi conserver ce statut ?

La DNC est une maladie qui n’est pas habituellement présente dans l’Union Européenne, mais plusieurs foyers sont apparus depuis fin juin en Italie (Sardaigne principalement), France et plus récemment Espagne.
La DNC est une maladie classée A, D, E au sens de la réglementation communautaire (règlement 2018/1882) ce qui implique que les Etats membres concernés doivent donc mener un programme d’éradication immédiate de la maladie et mettre en œuvre une zone réglementée dès la confirmation d’un foyer.
Ainsi il est possible en dehors des zones règlementées de garder des zones indemnes reconnues qui permettent de conserver des possibilités d’échanges de bovins vivants avec d’autres Etats membres indemnes.
Modifier le statut de la maladie nécessiterait l’accord des autres Etats membres et de la Commission européenne ; la quasi-totalité des Etats membres n’étant pas touchés, il est peu probable qu’ils soutiennent une telle proposition.

Comment est gérée la maladie en Afrique ? Vaccination ? Abattage total ? Restriction des mouvements ?

Depuis le mois de juin 2024, un nombre croissant de foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine a été détecté en Algérie, Libye et Tunisie, suggérant une circulation active du virus dans ces pays d’Afrique du Nord. Les informations présentes sur le site de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA-OIE) indiquent la mise en place de mesures de gestion (zonage, surveillance, restriction de mouvements, lutte contre les vecteurs), mais ne mentionnent pas l’abattage des animaux des foyers.

Dans ces pays, les mesures mises en place ne visent pas une éradication rapide ; la vaccination, lorsqu’elle est mise en œuvre (Tunisie), peut concourir au contrôle de la maladie et à la réduction de ses conséquences économiques. Avec un cheptel bovin de 1,2 M de têtes en Algérie et 0,8 M de têtes en Tunisie, ces pays sont orientés vers l’importation de bovins vivants et de génétique bovine, et non l’exportation contrairement à la France.

Comment est gérée la maladie en Afrique ? Vaccination ? Abattage total ? Restriction des mouvements ?

Un foyer est dépeuplé afin d’éviter la propagation de la maladie à d’autres élevage. Le propriétaire des bovins reçoit une indemnisation de l’État pour chacun des animaux concernés. Deux experts indépendants sont chargés d’évaluer la valeur de remplacement de chaque bovin en fonction de son âge, sa génétique, son potentiel de production… Une avance de trésorerie est versée dans les jours suivant le dépeuplement, sans attendre l’évaluation de ces experts.
De plus, la période d’improductivité de l’exploitation est également indemnisée. Le barème d’indemnisation prend en compte la période pendant laquelle le renouvellement est impossible, tant que la circulation d’animaux est interdite sur la zone de l’exploitation, ainsi qu’une durée d’organisation du repeuplement, fixée à 12 mois pour les bovins allaitants, et 3 mois pour les bovins laitiers.

Pourquoi avoir fait abattre l'ensemble d'un troupeau vacciné pour une bête malade ?

Dans le Doubs, un animal de l’exploitation était porteur de la souche sauvage de la DNC (confirmé par l’analyse PCR de laboratoire sur le sang et les nodules), preuve que le virus circulait dans l’élevage. D’autres animaux infectés mais asymptomatiques (absence de symptômes) pouvaient être potentiellement présents dans l’élevage.

Les tests sérologiques (basés sur la détection d’anticorps) ne peuvent être utilisés pour différencier un animal infecté d’un animal vacciné car, contrairement au test virologique par PCR, ils ne permettent pas de distinguer la réaction liée à un virus sauvage ou celle liée à la vaccination. De plus, les tests virologiques effectués sur le sang ont une signification limitée car la charge virale (présence du virus dans le sang) est faible et intermittente.
Pour ces deux raisons, il n’est donc pas possible de distinguer au sein d’un foyer, les animaux infectés et ceux qui ne le sont pas ou qui n’expriment pas encore la maladie (jusqu’à 35 jours après l’infection).

Or, il est nécessaire de tarir rapidement cette source de virus pour protéger les élevages voisins, d’où la nécessité de dépeupler le foyer.
Seul le dépeuplement total du foyer permet d’éteindre rapidement la circulation du virus au sein de l’élevage. L’expérience des pays qui ont pratiqué cette méthode montre que c’est la plus efficace, associée aux autres mesures de lutte que sont le contrôle des mouvements et la vaccination. Ce fut le cas de la Bulgarie en 2016 par exemple.

Précision : la stratégie de dépeuplement s’applique à un « foyer » (c’est-à-dire une unité épidémiologique), et non à un « troupeau » ou à un « élevage »

Est ce que les animaux déplacés sur le foyer en Ariège ont été vacciné ou pas ?

En attente d’information complémentaire il n’est pas possible d’apporter une réponse à cette question pour le moment

Vous parlez de mouvement de bêtes mais cela peut aussi provenir d’un mouvement de bétaillère ou équin avec un insecte

La survie du virus sur les pièces buccales des insectes vecteurs n’excède pas quelques heures ; par ailleurs, le virus ne se multiplie pas dans le vecteur. La transmission par un insecte vecteur peut s’effectuer de proche en proche, ou sur une distance plus importante via une bétaillère.

La transmission à longue distance est liée aux transports routiers de bovins infectés, qui sont ensuite piqués par les insectes de la zone d’arrivée, et transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone.

Présent à proximité des bovins, les espèces non-sensibles (comme les équins) sont un facteur de dilution car une partie des insectes vont piquer ces animaux (au lieu de piquer les bovins), ce qui ne participe pas à la diffusion de l’infection.

En savoir plus sur le transport des équidés et des randonnées à cheval dans la zone réglementée : voir la page dédiée sur le site GDS France.

Est-ce que la maladie peut se déplacer avec l'humain par exemple si un éleveur va dans une exploitation où elle est présente et revenir dans la sienne ?

Le virus n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs. Une personne se rendant sur une exploitation d’élevage ou à proximité d’une pâture ne risque donc pas de contracter la maladie, ni de contribuer à la propagation du virus, s’il est piqué.

Il est toutefois fortement recommandé de fermer les portes et fenêtres de véhicules, et d’éviter de se garer à proximité de bovins et des autres animaux d’élevage, et de respecter les règles habituelles de biosécurité en élevage (lavage des bottes, tenue dédiée, etc). En effet, par leurs propres moyens, les stomoxes et les taons ne parcourent pas plus de quelques kilomètres, et même beaucoup moins quand ils ont commencé un repas de sang.

Est-ce qu'on ne pourrait pas faire évoluer la règlementation ? Vous dites que la maladie fait des bonds de 100 km mais la règlementation n'impose que 50 km. Est-ce qu'il ne faudrait pas passer la ZS à 150 km au lieu de 50 ?

La DNC se propage :
• à courte distance par les insectes hématophages (moins de 6 km)
• à longue distance (dizaines ou centaines de km) surtout par les déplacements de bovins infectés en incubation ou subcliniques (mouvements commerciaux, rassemblements, etc…).

Le rayon de 50 km de la zone réglementée permet de couvrir le risque lié au déplacement des vecteurs de façon naturelle avec une grande marge de sécurité (10 fois le rayon d’action du vecteur).
Les bonds de 100 km sont gérés par les mesures de limitation de mouvements hors de la zone réglementée

Étendre la ZS à 150 km aurait comme conséquence majeure le blocage d’exploitations (cf estives cet été) alors que le risque est surtout lié à des flux d’animaux et non au vol d’insectes sur 150 km.

Est ce que le vaccin ne peut pas déclencher des symptômes équivalents à la maladie elle-même ?

Il peut y avoir des effets secondaires passagers et sans gravité.
Ces effets secondaires peuvent être :
– fièvre passagère,
– grosseur au point d’infection (qui disparaitra en quelques jours),
– baisse temporaire de protection de lait et de perte temporaire d’appétit,
– plus rarement, apparition de petits nodules non contagieux sur la peau (moins de 2 centimètres de diamètre), qui ne s’ulcèrent pas, qui ne font pas de croûtes et qui disparaissent rapidement sans traitement.

Si des animaux vaccinés présentent des symptômes cliniques, cela ne signifie pas que l’élevage sera automatiquement considéré comme foyer.
Comme pour toute suspicion, des analyses seront menées sur des prélèvements effectués sur les animaux présentant des signes cliniques évocateurs de la dermatose nodulaire contagieuse bovine. Dans le cas d’un bovin vacciné, ces analyses comprendront un test permettant de distinguer les résultats virologiques positifs (PCR+) résultant d’une vaccination de ceux résultant d’une infection.

Ainsi et par exemple, en cas de fièvre dans un élevage récemment vacciné conduisant à la réalisation de prélèvements, les résultats du laboratoire permettront de conclure :
• soit à la confirmation d’une infection, ce qui impliquera le dépeuplement total du cheptel contaminé, bien que vacciné.
• soit à un effet secondaire de la vaccination, ce qui n’impliquera aucune mesure particulière.

Est ce que les bovins malades survivent à la maladie ?

La période d’incubation de la DNC est variable, et a été établie à 28 jours par le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître :
• Fièvre pouvant atteindre 41 °C ;
• Abattement ;
• Anorexie ;
• Chute de lactation ;
• Hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
• Nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes.

L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement). La mortalité peut atteindre 10 % du troupeau. Pour plus d’informations, consulter la fiche technique de l’Organisation mondiale de la santé animale (en anglais).