Plusieurs vétérinaires ont signalé ce printemps des cas d’intoxication au millepertuis chez des ruminants ou des chevaux. Cette intoxication, plutôt rare en France, fait souvent suite à la consommation de la plante dans des massifs ornementaux ou lorsque les conditions climatiques ont favorisé son développement. Le millepertuis contient un pigment photo sensibilisant à l’origine des principaux symptômes : démangeaisons et érythème de la peau (« coup de soleil ») plus ou moins généralisés. Des diarrhées et des convulsions peuvent aussi apparaître dans les cas graves. Il n’existe pas de traitement spécifique.
Plus généralement, les intoxications végétales peuvent survenir dans les situations à risque suivantes :
- Les périodes de forte pluie lessivent les plantes, suppriment temporairement leur amertume et permettent leur consommation par les animaux qui les auraient évitées en temps normal (c’est ce qui s’est passé pour le millepertuis)
- La fauche ou la taille de certaines plantes toxiques est responsable de nombreuses intoxications en donnant accès à une nourriture inhabituelle (haies d’if ou massifs de rhododendron par exemple) ou si le fanage atténue là aussi leur amertume (cas du vérâtre responsable de coliques graves chez les bovins)
- La sécheresse ou la canicule peuvent provoquer la consommation des végétaux toxiques qui restent verts et deviennent attractifs
- Les jeunes animaux en première saison de pâture et inexpérimentés sont particulièrement exposés à ce type d’intoxication (cas des chevreaux qui jouent avec les plants de colchique et qui en croquent un bout suffisant pour les empoisonner…)
- Enfin, les fourrages de légumineuses mal conservés ou moisis (trèfle, luzerne, mélilot) peuvent entraîner avortements ou troubles hémorragiques (dérivés toxiques oestrogéniques ou anticoagulants)
En dehors de ces intoxications « véritables », on assiste parfois à des épisodes d’indigestion ou de météorisation graves liés à des conditions particulières de développement de certains végétaux. Parmi les derniers cas recensés, on peut signaler une mortalité importante ce printemps dans les Hautes Alpes sur des ovins ayant consommé en abondance du chèvrefeuille et des météorisations foudroyantes l’été dernier en alpage du fait de la floraison abondante du trèfle alpin. La stratégie de prévention consiste alors à donner un accès limité et progressif aux zones à risque par le troupeau et à effectuer ainsi une bonne transition alimentaire.
Eric BELLEAU – Vétérinaire conseil GDS 04